Récit de notre randonnée-bivouac dans les Écrins au lac Bleu, au coeur de la vallée de Valgaudemar. Deux jours au coeur d’une nature sauvage et intacte, qui ne vous laissera pas indifférent !
Préparer son bivouac dans les Écrins au lac Bleu
La législation du parc national des Écrins
Etant donné que vous êtes au cœur du parc national des Écrins, certaines restrictions s’appliquent :
- Malheureusement, vos animaux de compagnie ne sont pas les bienvenus, même en laisse !
- Bien que la vallée soit très instagramable, les drônes sont interdits.
- Pas de cueillette pour votre futur génépi maison ici…
- Et évidemment, ne laissez pas trainer vos déchets !
Quelques rappels des règles de bivouac
Le bivouac est autorisé dans le parc national sous certaines conditions :
- Votre tente doit être de petite taille à savoir qu’on ne doit pas pouvoir s’y tenir debout, donc on laisse sa version familiale XXL à la maison.
- Autre point sur la tente, celle-ci doit être montée après l’apéro (19h) et démontée avant 9h (mais de toute façon les grasses mat en tente, c’est surfait).
- Choississez un emplacement qui ne gène pas le sentier de randonnée, et qui se situe à plus d’1h de marche des accès routiers.
- Pour rappel aussi, les feux sont interdits dans la zone cœur du PN !
Quand partir en bivouac dans les Écrins ?
La meilleure période pour faire un bivouac dans les Écrins au lac Bleu est l’été, de juin à septembre. Pendant cette période, les conditions météorologiques sont généralement favorables, avec des températures douces et des journées ensoleillées.
Comment rejoindre la vallée de Valgaudemar dans le parc national des Écrins ?
Oh joie, ce paradis ultime du randonneur est accessible en transport en commun, pendant la haute saison ! (juillet/aout) Depuis Paris, vous avez la possibilité de venir en TGV vers GAP/GRENOBLE, ou plus pittoresque, en train de nuit (vers GAP uniquement).
Il vous faudra ensuite prendre un bus , le Transisère 4100 « Corps – La Mure – Grenoble » jusqu’à l’arrêt « Saint Firmin – Pont des richards ». Comptez moins d’une heure depuis Gap et deux heures depuis Grenoble.
Et enfin, une navette – dont les horaires se calent sur ceux des bus, vous emmènera au point de départ de randonnée.
Pensez aussi au covoiturage qui reste une option pratique et peu couteuse !
Itinéraire de nos 2 jours de randonnée-bivouac dans les Écrins
En plein cœur du parc national des Écrins, la vallée de Valgaudemar ne ressemble à aucune autre vallée que j’ai pu visiter en France. Elle donne le sentiment instantané d’être immergé dans un jardin d’Eden immense, un terrain de jeu infini !
Le mélange des sommets rocheux et des glaciers dignes de la haute montagne, combiné aux vallons luxuriants parsemés d’innombrables cascades, lacs, fleurs, pelouses alpines et étangs d’altitudes en fait une vallée que l’on ne peut que garder en mémoire. Les possibilités de bivouac sont nombreuses et celle décrite ci-dessous n’est qu’un petit exemple du panel de panoramas que la vallée vous réserve.
Jour 1 – Randonnée-bivouac dans les Écrins au lac Bleu
La vallée de Valgaudemar
Disons-le d’entrée de jeu, ce bivouac est un malentendu : nous n’avions pas du tout prévu de dormir près du lac Bleu ce soir-là. Le plan initial était plutôt de poser notre tente à côté du refuge du Pigeonnier, à mi-parcours du tracé de notre randonnée qui s’étendait sur deux jours. Mais voilà, la veille de notre départ, nous avions été au restaurant histoire de profiter d’un bon petit plat avant le lyophilisé du lendemain. Or, l’hasardeux poisson « frais » proposé au menu ce soir-là a mis nos intestins à rude épreuve toute la nuit !
C’est donc avec une petite forme et les crampes au ventre que nous prenons la route le lendemain matin, direction le Valgaudemar. Car intoxication alimentaire ou pas, nous sommes bien décidés à explorer la fameuse vallée des cascades ! Et puis, l’air montagnard ne peut nous faire que du bien, pas vrai ?
A peine la nationale quittée pour rentrer dans la vallée que l’ambiance de montagne s’empare de nous directement. Les sommets encadrent la route qui s’enfonce longuement vers le Gioberney, le chalet-hôtel tout au bout de la vallée. Chaque tournant nous fait découvrir une nouvelle cascade et les paysages sont déjà superbes. Je sens qu’on va se plaire ici !
Nous nous garons au niveau du Chalet-hôtel du Gioberney. Il y a beaucoup de monde, pas étonnant en plein mois de juillet. La plupart des gens viennent manger et dormir à l’hôtel, dont chaque chambre offre une vue sur la vallée. Pour autant, se limiter à cette seule vue serait dommage, car la vallée et ses vallons recèlent de nombreux joyaux dont la vue se mérite !
Un petit passage près de la fontaine à eau du parking pour remplir nos gourdes, et nous voilà parti pour entamer l’ascension vers le refuge du Pigeonnier. Depuis le parking, deux sentiers nous y conduisent. L’un y monte directement tandis que l’autre, plus long, passe par deux lacs : le lac de Lauzon et le lac Bleu.
Fervents amateurs de lacs, nous choisissons la deuxième option et suivons donc l’indication « Lac de Lauzon ». Le sentier bifurque rapidement à gauche pour monter sur le flanc ouest du vallon. Les vues sont déjà superbes, d’un côté, comme de l’autre.
La montée au lac de Lauzon
Quelques lacets plus tard, nous atteignons un joli plateau herbeux parsemé de belles cascades et des petites mares remplies de têtards. L’endroit est paisible, le sentier plat et molletonné nous permet de lever la tête pour regarder tout autour de nous et profiter du spectacle.
Au bout de ce plateau herbeux se dévoile déjà le lac de Lauzon. N’étant pas très loin du parking, celui-ci est assez fréquenté, mais déjà beaucoup moins que le chalet-hôtel. Nous profitons d’une petite pause près de ce joli lac verdâtre en contemplant les sommets et cascades en arrière-plan.
Le lac Bleu
Nous continuons ensuite notre ascension vers le lac Bleu, perché à 2200m, soit à peine 100m de dénivelé plus haut que le premier. Quelques coups d’œil dans notre dos nous permettent de continuer à profiter d’une vue sur le lac de Lauzon, encore plus beau vu d’en haut, d’autant plus que le Sirac (3341 m), s’invite en toile de fond !
Toujours autant de cascades dévalent les pentes rocheuses qui nous entourent. Après un court replat, nous voilà déjà au petit lac Bleu. Au fur et à mesure que l’on s’en rapproche, le lac glaciaire nous dévoile un magnifique bleu qui témoigne de la pureté de son eau (et aussi, de sa température).
Nous prenons un moment pour observer notre environnement. Le panel de couleurs est impressionnant : le rose des rhododendrons, le bleu du lac, le vert des pelouses, le gris des roches et le blanc des glaciers nous gâtent les rétines et nous offrent ce sentiment de plénitude que l’on vient rechercher en montagne. Cerise sur le gâteau et contrairement au lac du Lauzon, nous sommes seuls. C’est le moment de se rafraichir et de s’offrir une séance de cryothérapie en pleine montagne : un régal pour le corps et l’esprit !
Les meilleurs sacs randonnée et trekking
Bivouac dans les Écrins au lac Bleu
Du lac, nous pouvons apercevoir le refuge du Pigeonnier sur le promontoire rocheux du versant d’en face. Fatigués des crampes d’estomac qui ne se sont pas arrêtés jusqu’ici, nous n’avons pas trop l’énergie de monter les quelques centaines de mètres de dénivelés qui nous séparent du refuge. Nous décidons alors d’établir le campement sur ce spot de bivouac qui, nous semble-t-il, est tout bonnement parfait ! Enfin…presque parfait. Notre joie fut un peu gâchée par les innombrables moustiques venus nous rendre visite. N’oubliez donc pas de prendre un répulsif, car même à cette altitude, ces petits suceurs de sang semblent bien se porter.
Après les petites pâtes bolo lyophilisées et la tisane du soir, nous profitons du coucher de soleil depuis notre bivouac dans les Écrins au lac Bleu, à l’abri des moustiques (quelle superbe invention la moustiquaire quand même !). Les températures sont douces, et nous ne risquons pas d’avoir froid avec nos sacs de couchage -5°C. Nous nous endormons apaisés, bercés par le bruit des cascades qui nous entourent.
Jour 2 – Randonnée-bivouac dans les Écrins au lac Bleu
Le refuge du Pigeonnier
Le lendemain matin, c’est grand bleu, comme la veille. La couleur du lac est encore plus claire qu’hier, et les reflets des montagnes dans l’eau viennent quelque peu troubler sa limpidité. Le café du matin devant le maître Sirac est plus qu’agréable, et nous sommes cette fois-ci plein d’énergie pour entamer la montée vers le Pigeonnier ! Nous replions notre bivouac dans les Écrins et repartons dans la bonne humeur !
Le sentier commence par descendre à travers un tapis de rhododendrons pour arriver au torrent de Muante Belledone, alimenté par une cascade si puissante qu’on ne s’entend plus parler. C’est ici que l’ascension des 400m de dénivelés qui nous séparent du refuge commence. Il fait déjà chaud, mais les cascades que nous croisons ajoutent un peu de fraicheur à la marche.
La montée est continue et plutôt longue, mais régulière et sans difficulté technique. Les chutes d’eau et la végétation qui nous rafraîchissaient en début d’effort se raréfient au fur et à mesure que nous gagnons en altitude. Mais l’effort est récompensé à chaque lacet grâce à une magnifique vue sur le Sirac au loin. Un peu plus haut, nous pouvons apercevoir le lac Bleu où nous avons passé la nuit sur le versant d’en face.
Nous voilà maintenant arrivés au refuge ! Quel plaisir de profiter du réconfort que ces majestueux abris de montagne nous offrent : des boissons fraiches, de l’eau de source, de quoi manger et aussi, des personnes avec qui échanger nos aventures. Nous nous aérons les petons et profitons d’une boisson fraiche avec panorama sur le vallon de Muante Belledone. Un alpiniste nous raconte la traversée des Rouies qu’il a effectué au petit matin. Entendre son récit ne donne qu’une envie, celle de revenir pour tenter l’aventure !
Il est temps pour moi de m’éclipser de cette joyeuse conversation pour aller interviewer le gardien du refuge, Olivier Parent, afin d’alimenter les futures pages d’un guide que je suis en train d’écrire sur les randonnées et refuges dans les alpes du sud.
Après une sympathique discussion avec le gardien, nous renfilons les bottines pour reprendre la route. Nous passons directement de l’autre côté du promontoire où se trouve le refuge et pouvons profiter d’une superbe vue sur le large vallon du Vaccivier et son glacier. Cette vallée offre décidémment des panoramas tous plus beaux les uns que les autres. Le sentier est très peu fréquenté et plus sauvage encore que celui emprunté la veille. Certains passages sont plus délicats et nous obligent à nous aider de nos mains, sans pour autant se sentir en insécurité, au contraire, cela rajoute un côté ludique à la marche !
L’eau est toujours aussi présente, bien que ce côté-ci de la vallée soit un peu moins fleuri. Nous continuons à enjamber plusieurs torrents et à descendre jusqu’à l’abri du Vaccivier, à 2120m. Drôle d’abri que cette minuscule cabane intégrée à un gros rocher ! Un refuge au sens propre du terme…
A ce stade, nous avons encore 500 m de dénivelés à descendre, la journée n’est pas finie. De nombreux lacets plus tard, nous voilà à l’ultime traversée du torrent du Vaccivier en bas de la vallée. Le torrent est ici très puissant et permet une belle pause rafraichissement : hoplà une petite tête dans l’eau et un remplissage de gourde avec de la bonne eau fraiche, voilà qui fait plaisir !
À présent, très peu de dénivelé nous sépare du point de départ. Le sentier se poursuit presqu’à plat pendant plus d’1km dans le vallon à travers quelques alpages et cabanes de berger. Une vingtaine de minutes plus tard, nous voilà arrivés au Gioberney, le corps transpirant, l’esprit aéré et les yeux plein d’étoiles. C’est sur, nous n’avons pas fini d’explorer cette magnifique vallée et nous referons du bivouac dans les Écrins…
Bérengère est belge, biologiste et passionnée de rando. Depuis quelques mois, elle sillonne les Alpes du Sud dans l’optique de publier un guide qui regroupera un paquet d’itinéraires en boucle sur deux jours, avec nuit en refuge. Avec ce bouquin, elle veut permettre à un maximum de personnes de déconnecter de leurs quotidiens parfois très (trop ?) chargés en partant en weekend en montagne, sans devoir y consacrer trop de préparation, grâce aux tracés GPX et autres informations utiles qui y seront fournis. Le livre « randonnées-refuges dans les alpes du sud » sortira aux éditions Le Chemin des Crêtes au printemps 2024.