GR emblématique des Alpes et même d’Europe au sens plus large, nous avons réalisé le tour des Ecrins en 9 jours. Une aventure majestueuse et des panoramas à couper le souffle, on vous raconte tout dans cet article.
Organiser son tour des Écrins
Info pratiques
Un découpage du GR® 54 en 9 jours est tout à fait faisable en étant en bonne condition physique en ne tardant pas le matin en raison de longues étapes. Pour vous donner une idée, faire le Tour des Écrins en 9 jours c’est marcher entre 9 et 11h par jour sans compter les pauses, avec un rythme modéré.
- Dénivelé : 12 100 m
- Distance : 200 km
- Durée : 9 jours
- Période : De fin-juin à fin-septembre
- Où : Parc national des écrins
- Difficulté : Difficile
Les étapes de notre Tour des Écrins en 9 jours
Ça y est c’est décidé, le GR® 54 en totale autonomie sera mon objectif de l’été 2023 ! Mais combien de temps partir sur les sentiers ? Mes congés me permettaient de le faire en 11 jours au plus. J’ai alors modulé mon itinéraire de façon à avoir des journées de marche plutôt homogènes en termes d’effort. J’ai donc choisi de faire ce tour des Écrins en 9 jours avec le découpage suivant :
- Le Bourg-d’Oisans > Besse
- Besse > Villar d’Arène
- Villar d’Arène > Le Monêtier les Bains
- Le Monêtier les Bains > Vallouise
- Vallouise > Refuge du Pré de la Chaumette
- Refuge du Pré de la Chaumette > La Chapelle-en-Valgaudémar
- La Chapelle-en-Valgaudémar > Le Désert en Vajouffrey
- Le Désert en Vajouffrey > Lac de la Muzelle
- Lac de la Muzelle > Le Bourg-d’Oisans
Il est possible de moduler son itinéraire de bien d’autres façons. N’hésitez pas à lire notre guide du tour des Écrins pour plus d’informations !
Comment rejoindre Le-Bourg-d’Oisans en transports en commun ?
Le tour des Écrins en 9 jours commence à la commune de ‘Le Bourg-d’Oisans’ dit plus simplement Bourg-d’Oisans pour les intimes. Cette petite commune rurale signera le début ainsi que la fin de notre périple. Pour ce voyage, je suis parti avec mon ami du lycée et partenaire de randonnée. Déjà quelques GR au compteur dont le GR20 (ce qui me fera un bon point de comparaison pour les sensations et la technicité de cet itinéraire !).
Premier objectif, se rendre à Bourg-d’Oisans depuis Paris en transport en commun . Et pour cela, rien de plus simple, un TGV direction Grenoble puis un Car (T75) jusqu’au départ.
Départ de Paris vers midi et arrivée à Bourg-d’Oisans vers 18h, voila déjà une belle journée de transport. Nous sortons de la ville en direction de plusieurs campings sur le chemin pour y passer la première nuit de ce Tour des Écrins en 9 jours. Mais quelle déception lorsqu’on nous apprend que les emplacements sont autour de 40€ et plus. Nous trouvons les prix franchement exagérés !
Nous décidons alors, bien que l’heure soit déjà avancée, de commencer la première étape de notre itinéraire. Le beau temps est au rendez-vous, on fonce. On emprunte alors un sentier abrupt, voire très abrupt qui nous fait immédiatement prendre de la hauteur. C’est raide, caillouteux, entre les arbres et les racines, bref rien de bon pour poser une tente.
C’est enfin en arrivant au petit hameau de « la Ville » que nous installons notre bivouac au coucher de soleil à proximité de la petite mairie.
Jour 1 – Tour des Écrins – De Bourg-d’Oisans à Besse
6h30 du matin, dans nos têtes c’est aujourd’hui le vrai départ de ce tour des Écrins en 9 jours ! La nuit était bonne, autour de 10°C et pas de vent. J’ai décidé de ne pas prendre mon matelas gonflable (un Thermarest NeoAir XLite), mais uniquement mon simple tapis en mousse. Rapide à ranger le matin, rapide à mettre en place le soir et ne se crèvera jamais, des nuits pas trop fraîches de prévues, voilà des arguments qui justifient ce choix malgré un petit manque de confort !
Nous prenons tranquillement la route après un petit déjeuner lyophilisé muesli chocolat, qui sera notre routine pour les 9 prochains jours.
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Le chemin du GR® 54 alterne entre la route et les sentiers, avec en toile de fond, la station de l’Alpes d’Huez qui, avec tous ces bâtiments et des panneaux publicitaires LED géants, tranchent radicalement avec le paysage. Heureusement, le chemin traverse plusieurs petits hameaux dont celui de « Le Rosay » que j’ai trouvé particulièrement beaux avec de magnifiques petites maisons et l’église en pierre.
Le chemin redescend en fond de vallée pour remonter progressivement jusqu’au col de Sarenne à 2000m d’altitude. Le chemin se termine même sur la route, pas génial, mais ça a le mérite de faire la course contre les cyclistes épuisés qui terminent leur ascension.
Au col, la magie opère. C’est la première fois que le panorama sur les Ecrins s’ouvre à nous. Le Râteau (3769m), le sommet emblématique de la Meije (3982m) et leurs glaciers annoncent la couleur de ce massif. Au loin, toujours depuis le col, Besse, notre destination. Il reste encore 10km de marche et il nous est facile de visualiser le chemin à parcourir en contrebas.
Pour arriver sur Besse, il faut encore se prendre un mur dans la figure. Une dernière pente bien raide au milieu des fleurs et des herbes hautes. Bref, Besse, ça se mérite ! Le village est absolument magnifique et qui plus est, en passant par la route principale (pas bien large tout de même), nous offre la chance de profiter d’une petite terrasse au soleil, le temps d’un petit soda.
Après la sortie du village, nous arrivons à l’aire de bivouac annoncée sur la carte IGN. Des tentes sont déjà en place, quelques camping-car aussi. Le cadre est idéal et peu cher, environ 10€ à deux avec la tente et sanitaires. Une belle première journée sur ce tour des Écrins en 9 jours !
Jour 2 – Tour des Écrins – De Besse à Villar d’Arène
Première étape de la 2e journée sur le GR® 54, faire un peu plus de 300m de dénivelé et prendre notre petit déjeuner dans la montée jusqu’au col Saint-Georges (2245m). La montée progresse doucement en lacets et à l’ombre des premiers rayons de soleil qui illuminent les sommets alentour. On approchait bientôt du col que, derrière nous, se dégageait enfin le massif des Grandes Rousses et à ses pieds, le col de Sarenne de la veille.
Devant nous, le spectacle commence. On s’apprête à fouler du pied le plateau d’Emparis qui marquera l’un de mes plus beaux souvenirs par l’étendu de ce paysage vide de tout arbre ayant des aires de steppes mongoles. Le pic de la Meije, qui allait être la toile de fond de toute cette journée semblait déjà bien plus proche que la veille.
Notre itinéraire du tour des Écrins en 9 jours passe par la variante du Lac Noir à 2400m d’altitude environ. Lieu incontournable pour son panorama, ce lac où se reflète la Meije, est l’un des grands spots convoités dans le coin. L’itinéraire, qui redescend en direction de La Grave passe par une petite portion de route entre Le Chazelet et Les Terrasses. A cet endroit, un belvédère suspendu dans le vide à couper de souffle fait face au sommet emblématique de la Meije situé juste de l’autre côté de la vallée.
L’objectif de cette 2e journée de notre Tour des Écrins en 9 jours était d’arriver dans un premier temps à Villar-d’Arêne et d’y trouver un endroit où poser la tente. Une fois arrivés à destination, aucun endroit où bivouaquer mais on trouve à la place une micro épicerie sur la place de l’église. De quoi acheter du chocolat et quelques pêches. Cette journée sur le GR® 54 se termine enfin après avoir continué l’itinéraire sur 1km le long de la Romanche. Un bel endroit près de la rivière et sous les arbres nous conviendra parfaitement.
Jour 3 – Tour des Écrins – De Villar d’Arène à Le Monêtier les Bains
Début de journée, quelques averses pendant la nuit mais rien de bien méchant. J’avais lu à plusieurs reprises que cette étape du Tour des Écrins en 9 jours était l’une des plus belles, voire peut-être même la plus belle. Et bien je n’aurais pas été déçu ! Le chemin continue de longer La Romanche puis passe de l’autre côté pour arriver quelques mètres plus loin au Pont d’Arsine. A cet endroit, des campings qui m’ont l’air agréables, des toilettes sèches posées là (donc on en profite), mais aussi et surtout un magnifique lac qui marque l’entrée de la vallée et le début de l’ascension.
Cette 3e journée sur le Tour des Écrins en 9 jours nous fait enfin entrer dans le massif. Sur notre droite, une nouvelle vallée s’ouvre qui donne accès aux Refuge du Pavé et au Refuge d’Adèle Planchard. Nous, on continue tout droit en direction du lac glaciaire d’Arsine à 2460m d’altitude (petit aller-retour depuis le col de 100D+). Nous serons accompagnés lors de toute cette journée par les marmottes. Au début, on est tout foufou d’en voir une, puis deux, puis un bébé. Mais après la centième, j’avoue que l’instant devient un peu moins magique !
L’aspect géologique quant à lui est remarquable. La montée au glacier se fait le long d’un « mur » de roche. Une moraine glaciaire déplacée par l’ancien glacier dont il ne reste aujourd’hui que le lac comme seul témoin. Derrière nous, les pentes herbeuses et fleuries mêlent tout un tas de couleurs et tranchent radicalement avec l’environnement lunaire sous nos pieds.
Aux abords de ce lac complètement blanc laiteux, un vrombissement au loin dans le cirque se fait entendre. Des chutes de pierres, dont la glace qui les maintenait tend malheureusement à disparaître. On reste un petit moment à contempler cet endroit, une petite sieste et c’est reparti sur notre Tour des Écrins en 9 jours.
Le clou du spectacle se fera dans la descente. Du lac glaciaire au lac de la Douche, l’eau que nous suivrons est teintée d’une couleur bleu pâle. Cette couleur mêlée aux centaines d’espèces de fleurs restera gravée dans mon esprit. Un pur moment de contemplation sur ce Tour des Écrins en 9 jours.
Cette journée sur le GR® 54 se termine avec un bivouac à proximité de Le Monêtier-les-Bains. Jolie petite ville qui propose bon nombre d’hébergements, des restaurants (nous avons fait une pizzeria) ainsi qu’un petit supermarché “Sherpa Supermarché” vers l’Eglise. C’est aussi l’occasion de racheter une seconde cartouche de gaz au magasin Sport 2000 juste à côté, ayant proposé la nôtre la veille à un couple Danois n’ayant plus rien pour chauffer leur eau.
Jour 4 – Tour des Écrins – De Le Monêtier les Bains à Vallouise
Attendue avec impatience, cette étape de notre Tour des Écrins en 9 jours est l’une des plus engagées ! Adieu l’itinéraire normal, à nous la variante du lac de l’Eychauda, ce qui implique de franchir le col des Grangettes à 2684m d’altitude, une paille ! La journée débute par une montée dans une forêt dense et très fleurie qui se termine au croisement de plusieurs télésièges… bonjour l’ambiance. Il existe un chemin (hors GR) par le vallon du Grand Tabuc, certainement plus naturel. Si c’était à refaire, je passerai certainement par là.
La montée se poursuit dans un premier temps jusqu’à un petit col qui, une fois arrivé, te donne une belle frayeur à la vue du chemin qui nous reste à parcourir. On peut voir le chemin du GR® 54 descendre, remonter puis disparaître dans la caillasse. Et on se dit qu’il doit bien continuer quelque part dans ces 300m de barrière rocheuse. Vraiment le panorama est à couper le souffle, le frisson. A aucun moment, ni même sur le GR20, j’avais ressenti cette impression de difficulté. Aussi nous étions seul, vraiment seul depuis le début de la journée.
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Une barre de céréales et ça repart, on ne va tout de même pas se dégonfler. Comme on l’avait prévu, le chemin devient de plus en plus technique. L’impression de verticalité est impressionnante dès lors que l’on lève la tête, impossible de deviner la trace du chemin qu’on découvre mètre après mètre. La fin du chemin présente l’avantage d’avoir des cordes pré installées pour s’y tenir (attention, certaines sont cassées ou trop lâches). Avec ces cordes, la difficulté devient moindre, mais par mauvais temps, sur du schiste détrempé, ce serait très difficile sans.
Le petit pic d’adrénaline de la montée me donne soudainement la larme aux yeux lorsque je découvre la vue sur le lac. Le panorama, magnifique et sublimé par le fait que nous étions encore que tous les deux pour le voir, nous procure un bien beau moment de bonheur ce tour des Écrins en 9 jours.
Pause midi aux abords du lac, j’en profite pour faire sécher la tente détrempée par la forte condensation de la nuit (tente mono-paroi). La descente est longue, très longue, surtout que le soleil tape fort mais on avait prévu le coup en testant cette année la méthode parapluie ombrelle ! Plus nous descendons dans la vallée, plus la chaleur étouffante prend le dessus. L’application météo affiche 28°C sur Vallouise !
Ce 4e jour sur le GR® 54 signe aussi mon ravitaillement pré-programmé. J’avais emporté avec moi 5 jours de nourriture donc il ne me restait plus qu’un jour dans le sac. Mon objectif était donc d’atteindre le magasin Alpin Market qui fait point relais et où j’avais fait livrer un carton rempli de lyophilisés pour 5 jours supplémentaires. Moyennant un petit détour de 1km et le carton déballé, on reprend la route direction Vallouise. Sur place, c’est Camping Huttopia Vallouise (première douche après 3 jours de marche, elle fait du bien !) et on y retrouve plein de têtes familières des jours précédents.
Il est possible d’éviter des kilomètres de routes en faisant du stop dès le parking de Chambran. Route unique, une voiture amènera forcément en bas de la vallée où il sera possible, pour finir, d’emprunter à pied un chemin longeant la rivière jusqu’à Vallouise.
Les discussions commencent avec les autres randonneurs. Eux ayant suivi l’itinéraire classique, je m’empresse de leur montrer les photos de la variante alpine que nous avions prise et du Lac de l’Eychauda. Un petit groupe d’amis de randonnée vient de naître et il durera jusqu’à la fin de notre Tour des Écrins en 9 jours.
Jour 5 – Tour des Écrins – De Vallouise au Refuge du Pré de la Chaumette
C’est parti pour entamer la partie sud de l’itinéraire. Le sud présente la particularité d’être bien plus sauvage que tout ce que nous venions de parcourir. Le chemin alterne entre hauts cols et fond de vallées et les infrastructures tendent réellement à se raréfier, pour notre plus grand plaisir.
Avec le plus haut col de ce GR54, le col de l’Aup Martin à 2761m, plus de 1600D+ et près de 25km, cette étape (qui n’est pas une variante) peut être considérée comme l’une des plus dure de ce Tour des Écrins en 9 jours
Il est possible de raccourcir cette étape en faisant du stop pour éviter les 5km de route entre la fin du sentier en sortant de Vallouise et le parking « Entre les Aigues ».
L’ascension se fait progressivement, en fond de vallée jusqu’au col sans jamais redescendre. On rattrape sur la route nos amis de rando de la veille partis plus tôt ce matin, comme nous, ils se sont motivés à tout faire à pied. La route se termine et le sentier du GR® 54 commence en nous faisant emprunter un petit pont. La montagne sur notre gauche présentait la particularité d’avoir des centaines de cascades, de quoi resté admiratif pendant de longues minutes.
Au bout d’un moment le col apparaît au loin en haut d’un cirque constitué de schiste comme une grande barrière rocheuse. Des randonneurs, comme de minuscules petits points, sont déjà visibles au sommet.
Plutôt fatigués par les journées précédentes de notre tour des Écrins en 9 jours, on décide de faire une bonne pause avant de franchir le col. On regardait passer les randonneurs, qui devenaient de plus en plus petits, à peine distinguables. Cette pause, bien longue et réparatrice nous a valu d’arriver au col une nouvelle fois à deux et de profiter de cet environnement fantastique aux textures rocheuses toutes singulières où seul le bruit du vent tenait compagnie.
A vos appareils photos ! Le Pelvoux (3943m), le Pic sans Nom (3913m) et l’Aile froide (3953m), le panorama est grandiose. Le chemin descend très doucement jusqu’au second col, le Pas de la Cavale, qui nous offre une magnifique ouverture sur le Vieux Chaillol.
La 5e journée de notre Tour des Écrins en 9 jours se termine après une bonne descente énergétique. La grosse pause de l’après-midi nous fait arriver parmi les derniers des randonneurs. Arrivés sur place, de nombreuses tentes sont déjà en place, aïe. Le GR® 54 traverse la zone de bivouac en direction de l’étape du lendemain, on monte la tente au fond, loin du refuge parmi les derniers emplacements disponibles.
On se dit qu’on sera les premiers à partir pour le lendemain. Les couleurs de fin de journée tournent aux couleurs orangées et dorées. Les fortes températures de la veille et de ce jour annoncent d’imposants orages et d’après la carte météo, ils frappent en ce moment même l’autre vallée plus loin.
Très peu de couverture réseau téléphonique entre Vallouise et La Chapelle-en-Valgaudémar quelque soit les opérateurs. Ne pas hésiter à avertir les amis et la famille que l’on rentre dans une zone blanche pendant près de deux jours.
Jour 6 – Tour des Écrins en 9 jours – Du refuge du Pré de la Chaumette à La Chapelle-en-Valgaudemar
Une nouvelle fois une étape époustouflante sur notre Tour des Écrins en 9 jours, on ne s’en lasse pas. Le chemin, qui nous fait franchir 3 cols les uns après les autres tout en contournant le Sirac, nous offre avec l’étape d’hier, une immense sensation d’évasion tant la présence de l’homme, même à l’horizon, y est réduite.
Je ne sais pas si c’est parce que nous étions en forme, ou alors en raison du paysage grandiose sur le GR® 54, mais nous n’avons pas ressenti de grande difficulté pour enchaîner ces montagnes russes.
En arrivant au second col, celui de Gouiran, on peut alors apercevoir derrière nous une magnifique perspective entre le premier col passé, les randonneurs à son sommet et derrière eux, la montagne que nous avons côtoyée la veille avec ses stries géologiques remarquables. Entre le col de Gouiran et celui de Vallonpierre, il nous a même été possible de voir la montagne Saint Victoire (en provence). Je ne sais pas si nous étions chanceux mais la visibilité était impressionnante (environ 150km à vol d’oiseau).
C’est aussi lors de cette journée de notre Tour des Écrins en 9 jours que nous entrons progressivement dans les alpage. Et qui dit pâturage, dit chiens de protection dont le célèbre Patou ou le berger d’Anatolie. Ces chiens, qui sont une aide précieuse pour la protection du troupeau contre le loup, sont mis en alerte dès qu’un élément extérieur s’approche de trop près. Nous croisons à plusieurs reprises de petites affiches cloutées par les bergers rappelant les règles de bonne conduite tenir à la venue d’un de leurs chiens.
Petite pause sur le GR® 54 au col de Vallonpierre avant d’attaquer une longue, très longue descente. C’est aussi la première fois qu’il est possible d’apercevoir la pointe blanche de la célèbre “Barre des Ecrins”, point culminant du massif avec ses 4102m . Le Sirac, dernier haut sommet du sud des Ecrins avec ses 3441m, est juste là, à côté de nous, dominant les alentours. On ne traine pas davantage, rendez-vous au Refuge de Vallonpierre juste en contre bas aux abords d’un petit lac à l’eau translucide et reposante. Moment convivial avec les autres randonneurs avec qui nous partageons un petit repas.
Cette journée sur le GR® 54 se poursuit jusqu’au fin fond de la vallée et la fatigue commence vraiment à se faire sentir. Dans mon allure, je lâche mon partenaire et entame une descente quasi machinale, le vide dans ma tête. Mes petits repas du midi à base de semoule gonflée à froid les premiers jours me provoquent un beau déficit calorique. Arrivé à La Chapellle en Valgaudemar, nous décidons de dormir au camping « Les Marines » après un rapide passage à la dernière épicerie que nous croiserons lors de ce Tour des Écrins en 9 jours.
Jour 7 – Tour des Écrins en 9 jours – De la Chapelle-en-Valgaudemar au Désert en Vajouffrey
La veille encore, je m’étais imaginé faire la variante du Pas de l’Olan sur ce Tour des Écrins en 9 jours. La fatigue a eu raison de moi surtout que cela ajoutait une journée supplémentaire. Aussi je m’étais fait un peu mal lors de la descente d’hier, le pied mal placé entre deux cailloux dans un petit moment d’inattention. La douleur me suivra toute la nuit et une bonne partie de la journée avant de totalement disparaître et tant mieux pour moi.
Le petit groupe formé de randonneurs fin prêt, nous partons tous ensemble en direction de la première étape, le refuge des Souffles. La montée est plutôt intense dans les sous-bois, près de 900m de dénivelé que l’on parcourt progressivement par palier de 300m.
Le refuge, situé dans un cadre bucolique, nous invite à se poser quelques instants aux tables en terrasse le temps de boire un soda et de manger une tarte aux myrtilles.
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Nous repartons en direction du col de la Vaurze à 2500m d’altitude. 600m de dénivelé que j’imaginais avaler à toute vitesse. Grosse erreur, après une montée très soutenue, la crise du pic de glycémie arrive ! Certainement en raison du faible apport calorifique de ces derniers jours et du soda plus tarte aux myrtilles que je venais de dévorer avant l’ascension. A quelques mètres du col, les tremblements et vertiges me forcent à me stopper et à patienter le temps que mon partenaire me rejoigne.
J’arrive au col avec une légère déception, celle de ne pas réussir à profiter de la vue sur le pic de l’Olan. Ce Tour des Écrins en 9 jours est sacrément exigeant physiquement ! On me propose du pain, du saucisson et fort heureusement, après quelques instants, je commence à me sentir mieux.
Arrivés au Désert Valjouffrey, nous installons la tente sur l’aire de bivouac du gîte d’étape, Gîte Les Arias. Le ciel gronde et nous sentons que ce soir, ça va être notre fête. Après avoir monté la tente, j’empresse de sortir le réchaud pour me préparer un lyophilisé alors même que nous venions de réserver une table dans la petite auberge du coin. Enchaîner ces deux repas me fait réellement un bien fou. Tous devant la porte du restaurant, de l’intérieur, nous attendons que l’orage veuille se clamer, ce qui n’arriva pas de si tôt. Nous quittons à toute allure le restaurant sous une pluie battante en direction de nos tentes. La nôtre, mal tendue, commençait à prendre l’eau. Rien de grave, tout le matériel était dans des sacs étanches. On s’est tous bien marré c’est l’essentiel, la faute aux bières sûrement.
Jour 8 – Tour des Écrins en 9 jours – Du Désert en Vajouffrey au lac de la Muzelle
Plusieurs cellules orageuses sont passées au-dessus de nos têtes cette nuit-là mais malgré ça, je me sens tout de même en pleine forme. Les deux repas de la veille m’ont vraiment requinqué et j’avais hâte de découvrir notre destination finale qui semblait superbe. Et puis, c’est aussi notre avant dernier jour alors qu’est ce qu’on attend ? J’ouvre l’abside de la tente et découvre que nous sommes dans un épais brouillard, la tente monoparoi est détrempée, encore. Au programme, la plus importante ascension de ce Tour des Écrins en 9 jours, soit environ 2100D+ à réaliser en deux cols successifs de même dénivelé.
C’est donc parti dans la brume, l’appareil photo accroché à mon sac se recouvre petit à petit de fines gouttes. Dans ces conditions et sans trop rien n’y voir, je marche sans trop réfléchir un pas devant l’autre, tout en prenant le temps d’apprécier ce décor qui me me fascine. Toutes les fleurs, les herbes, les toiles d’araignées étaient recouvertes de petites gouttelettes comme des perles et je trouvais ça superbement beau. Vraiment, ce GR® 54 nous émerveille !
En arrivant au premier col, celui de Côte Belle à 2300m d’altitude, nous commençons à sortir des nuages. Ceux-là ayant décidé de rester en fond de vallée. Tant mieux, on peut comme ça profiter du paysage et découvrir les montagnes que nous avions dans notre dos. Le soleil nous réchauffe mais les nuages remontent, s’agrippent aux sommets et le froid ne tarde pas à venir. Ce tour des Écrins en 9 jours nous réserve décidément bien des rebondissements !
Doudoune en place, on décide d’entamer la descente dans ce qui est, d’après les dires de certains randonneurs que nous avons croisés il y a quelques jours, en terre des loups (“Vous êtes fou d’avoir dormi la-bas”, dixit un berger au randonneur). Juste à me faire à l’idée d’en apercevoir un au loin me semblait incroyable et complètement fou.
La descente se fait dans la brume et, à un moment, pas un loup non mais des formations d’immenses ardoises telles d’énormes écailles pointant vers le ciel. J’avais vu ce passage lors de visionnage de vidéos lorsque je programmais ce Tour des Ecrins en 9 jours. Je trouvais ça drôlement intriguant et d’y être là, avec cette brume, donnait un aspect complètement mystique. Nous étions alors dans un décor digne d’un roman de Tolkien.
La pause midi se fait en fond de vallée très densément boisée, juste avant de commencer la seconde ascension de cette avant dernière journée de notre tour des Écrins en 9 jours : l’ascension du col de la Muzelle à 2613m. Un peu plus de 1100m de dénivelé qu’on décide de faire tranquillement par palier de 300m tant il paraissait interminable à gravir. Autant dire que pour ceux qui cherchent de la variété de paysages, vous êtes servis !
En approchant enfin du col, on se prend au jeu de deviner le nombre de lacets tant le nombre de zigzag était dingue (50 environ) ! Celui qui perd paye le prochain resto à l’autre ! Je vous avoue avoir échoué à plate couture mais le jeu en valait la peine car le temps est passé bien plus vite comme ça. La pente était bien raide et avec ce sol recouvert d’ardoises, trébucher et c’était l’entaille dans le genou.
Ça y est, ouais on y est ! En contrebas, le lac de la Muzelle, au loin face à nous, la station Les Deux Alpes et sur notre droite, l’imposante Roche de la Muzelle et ses très respectables 3465m.
Descente sans difficulté jusqu’aux abords du lac de la Muzelle où nous installons le bivouac. L’aire de bivouac, située au sud du lac, nous demande quelques aller-retours pour profiter du refuge situé sur l’autre côté. Pour boire un verre, on s’y accommode très bien ! Et puis les abords du lac sont absolument magnifiques.
Le ciel à la tombée de la nuit vire au rose et la température tombe rapidement. Le glacier de la Roche de la Muzelle se teintait d’une couleur dorée avant de sombrer lui aussi dans un voile gris bleu.
La Roche Percée sur les hauteurs du lac de la Muzelle est un petit spot remarquable conseillé. Chose que nous avons pas faite, grossière erreur, j’en avais oublié l’existence sur le moment malheureusement.
Jour 9 – Tour des Écrins en 9 jours – Du lac de la Muzelle à Le Bourg-d’Oisans
Le dernier jour de notre Tour des Écrins en 9 jours. Un col à passer dès le réveil et une longue descente de près de 2000m. La nuit a été fraiche, vraiment fraîche puisque à 2100m d’altitude à peine, nous avions 1°C d’après mon thermomètre. Autant dire que tous nos vêtements étendus sur une ficelle ne sont pas du tout secs.
Le col du Vallon à 2531m marque le dernier col de cette boucle. Il nous offre un panorama absolument INCROYABLE, l’un des plus beaux pour moi. La Meije nous montrait cette fois-ci sa face sud et puis, complètement sur la gauche, à peine visible, le Mont Blanc.
Descente vers le lac du Lauvitel, où quelques passages un peu techniques offrent des vues plongeantes impressionnantes sur le lac et la réserve intégrale du Lauvitel. Encore une fois, séchage de la tente aux abords du lac sous un soleil de plomb, moi les pieds dans l’eau et de petits poissons autour. Nous ne sommes pas seuls sur cette portion du GR® 54, les touristes et randonneurs à la journée affluent dans ce coin. En effet, le bivouac au lac du Lauvitel et un incontournable dans les Écrins. Cette foule nous donne instantanément cette impression de revenir à la vie « normale », nous rappelant également la fin à venir de notre périple.
On ne traine pas, on continue jusqu’au moment fatidique de la fameuse piste cyclable qui mène jusqu’à Bourg d’Oisans, qui signe la fin de notre GR® 54. Après plusieurs km de marche sous un soleil de plomb, nous arrivons sur Bourg-d’Oisans. Le chemin par la piste n’est pas forcément laid mais n’a pas vraiment beaucoup d’intérêt non plus.
Arrivés dans la ville, nous prenons le temps avec la bande de randonneurs d’apprécier un dernier verre en terrasse. Je n’arrive pas encore à me rendre compte que c’est terminé, tout est allé si vite. Marcher dans les rues me rappelle le premier jour et j’ai l’impression que c’était hier. Ce qui est certain, c’est que je suis fier de moi, des souvenirs plein la tête et déjà l’envie d’y retourner.
Conseils pratiques
- Est-ce que le GR® 54 est difficile ?
Souvent classé comme difficile, le GR® 54 Tour des Écrins ne présente cependant pas de sentiers trop accidentés (hors variantes par le lac de L’Eychauda ou Pas de l’Olan). La difficulté vient du fait que les cols au sud du massif sont hauts (autour de 2600m), très pentus et dans un environnement très minéral fait de schiste, qui se désagrège aisément sous le pied. - Est-ce que le bivouac est autorisé sur le Tour des Écrins ?
Oui, en respectant la réglementation au sein du parc national des Écrins et les règles du bivouac ! - Combien de temps pour faire le tour des Écrins ?
Entre 8 et 12 jours en moyenne.