Randonnée mythique, le Chemin de Stevenson doit son nom à Robert Louis Stevenson qui l’a parcourue en 1878 avec son ânesse Modestine. Depuis, ce chemin est devenu le GR70, convivial et fréquenté par de nombreux randonneurs et randonneuses. Nous l’avons emprunté en Avril 2024, voici le récit et les conseils de notre trek !
Préparer son chemin de Stevenson en 12 jours (GR70)
Infos pratiques
- Distance : 272km
- Dénivelé : 6830m
- Période : Toute l’année (mais attention à la neige en hiver)
- Durée : 12 à 14 jours
Qu’est ce que le chemin de Stevenson (GR70) ?
Le chemin de Stevenson, également connu sous le nom de GR70, est un sentier de grande randonnée qui traverse les magnifiques paysages du sud de la France. Ce chemin est particulièrement connu grâce au livre « Voyage avec un âne dans les Cévennes » de l’écrivain Robert Louis Stevenson, qu’on vous conseille de lire avant, pendant ou après avoir effectué ce trek !
Long de 272 kilomètres, le chemin de Stevenson débute au Puy-en-Velay en Haute-Loire et se termine à Alès dans le Gard. Il traverse les départements de Haute-Loire, de Lozère et du Gard. Le parcours est balisé et adapté à tous les niveaux de marcheurs, avec des hébergements et des services disponibles tout au long de la route.
Jour 1 – Chemin de Stevenson – Du Puy en Velay au Monastier-sur-Gazeille
19,6 km // 760 D+ // 450 D-
Nous prenons le train à la gare de Lyon Part Dieu à 7h54 pour une arrivée à 10h25 au Puy en Velay. Après une pause café, nous commençons le chemin de Stevenson (GR70) qui se trouve juste à côté de la gare du Puy en Velay, très pratique !
Nous grimpons une rue montante sur 1,5 km qui nous met directement en jambes ! Le soleil est avec nous, ainsi qu’un petit vent qui rafraîchit. Nous arrivons assez vite sur un sentier plus au calme qui longe des champs et est relativement plat. On y croise un serpent, qu’on a certainement dû surprendre durant sa sieste ! Enfin, nous décidons de faire une pause déjeuner assis par terre au milieu du chemin : après avoir vu ce serpent, on n’a plus trop envie de s’aventurer dans les herbes hautes (rires).
Du pain aux figues et un saint nectaire (miam miam) plus tard, nous reprenons la route avec une belle descente sur 2 km qui nous fait tester les genoux avec les poids des sacs à dos. Puis ça grimpe raisonnablement sur 3,5 km, nous sommes tout de même contents d’avoir pris nos bâtons de randonnée avec nous. (D’ailleurs, n’hésitez pas à lire notre comparatif des meilleurs bâtons de randonnée)
On croise des hameaux très beaux, avec de jolies maisons en pierres grises typiques de la Haute-Loire et de nombreux animaux tous plus mignons les uns que les autres. En soit, on avale les kilomètres sans problème ! Lorsque nous traversons le joli hameau d’Helm, il ne nous reste plus que 3,5 km jusqu’à Monastier-sur-Gazeille pour ce premier jour sur le chemin de Stevenson.
Dernière petite montée assez raide et nous arrivons en hauteur, avec la vue sur Monastier qui semble assez étendue en contre-bas. Arrivés dans la ville, on rejoint le centre en longeant la route sans trottoir. Nous sommes agréablement surpris par le centre-ville très joli et pittoresque.
Nous arrivons dans notre gîte L’île au trésor, où Cécile nous accueille après cette 1e journée sur le chemin de Stevenson. Nous avons une chambre « twin » avec deux lits simples, toilettes et salle de bain communs. Nous sommes contents de quitter nos chaussures et sacs à dos. Si vous avez encore un peu d’énergie, on vous conseille de visiter Monastier et son abbatiale ! Nous avons la demi-pension, avec repas maison le soir, Cécile est très sympathique et nous discutons avec les 6 autres randonneurs. À 21h, les lumières s’éteignent et ça ronfle déjà dans notre chambre !
Jour 2 – Chemin de Stevenson – De Monastier-sur-Gazeille au Bourget-Saint-Nicolas
23,4km // 870 D+ // 620 D-
Le petit déjeuner est à 7h30, et nous nous régalons avec les confitures de Cécile – elle en a fait 154 pots cet hiver ! Nous entamons notre deuxième journée par une descente sur goudron jusqu’au camping de la ville, puis on entame une montée assez caillouteuse. On a pu remarquer tout au long du chemin de Stevenson que sur les chemins en côte, suite aux intempéries des dernières semaines, des coulées d’eau ont endommagé les chemins les rendant plus instables.
Nous continuons sur le GR70 comme ça jusqu’à Saint-Martin-de-Fugères, où nous achetons des viennoiseries pour le repas du midi ! Puis traçons jusqu’à trouver un petit coin près de chevaux pour manger nos viennoiseries et du fromage. On repart, la chaleur est au rendez-vous et nous sommes surpris en réalisant que le chemin n’est pas protégé par des arbres. La casquette est plus que nécessaire ! Nous tombons sur un magnifique point de vue sur le charmant village de Goudet et le château de Beaufort.
Nous descendons par un chemin du GR70 toujours endommagé par les inondations jusqu’au village de Goudet en contrebas. Une fois ce village passé commence une montée particulièrement pentue : 1 km pour 150m D+. C’est long et abrupte, nous faisons une pause au milieu pour nous délester quelques minutes de nos sacs et boire un coup. Les points de vue sont cependant jolis, comme nous sommes mi-avril les arbres ne sont pas encore feuillus et nous profitons de la vue sur Goudet.
Arrivés en haut, on profite du plat qui soulage les jambes. Puis le reste de la journée est rythmée par une pente montante douce jusqu’à l’arrivée. On croise de nouveau une vipère, ce qui nous fait taper fort des pieds chaque fois qu’on passe près d’herbes hautes ! Nous prenons une nouvelle pause collation avec quelques noix et du fromage. On commence à être fatigués, la journée est longue et nos corps deviennent un peu douloureux et raides.
Heureusement, il ne nous reste que 5 km, et des buses nous divertissent un peu. On croise également des ânes demandeurs de caresses avec lesquels on passe pas mal de temps ! Enfin, nous arrivons sur le plateau et apercevons au loin le Bourget-Saint-Nicolas où nous nous arrêtons pour cette 2e journée sur le chemin de Stevenson.
Nous dormons à la chambre d’hôtes « Le Flambeau » située à côté de l’église du Bourget-Saint-Nicolas. Victoire nous présente sa maison cosy, conviviale, vraiment très belle. Ils ont même un espace épicerie avec des produits locaux, bio. On se cale un moment sur les transats pour profiter du soleil. La cuisine est fonctionnelle et ne manque de rien. On décide de dîner dans le jardin avant de tomber de sommeil dans le lit confortable et extrêmement grand de la chambre Bénin ! Pour les personnes qui le souhaitent, Victoire propose également des massages Thaï.
Jour 3 – Chemin de Stevenson – Du Bouchet-Saint- Nicolas à Langogne
27,5 km // 420 D+ // 540 D-
Notre réveil sonne après une bonne nuit réparatrice, calme et confortable. Le petit déjeuner copieux est composé de produits bio et locaux, parfait pour commencer la journée ! On prend le temps de discuter avec Victoire et Camille, son compagnon, de leur vie au quotidien, leurs choix, on se trouve pas mal de points communs. Absorbés par cet échange, on part un peu plus tard que d’habitude, 9h40 !
Les premiers kilomètres de ce 3e jour sur le Chemin de Stevenson (GR70) sont plats : nous sommes sur un plateau. C’est une route de terre avec des terrains autour, plutôt joli. Nous marchons comme ça pendant environ 2h, c’est agréable et reposant. Nous croisons une table de pique-nique dans le village de Landos, mais il est encore trop tôt pour nous arrêter manger. Nous continuons donc notre chemin, la chaleur arrive et il n’y a pas d’ombre. C’est un plat descendant vraiment roulant, on avance vite et bien.
Après une petite dizaine de kilomètres, nous trouvons une nouvelle table de pique-nique à Jagonas qui est à l’ombre et décidons de nous arrêter. Au menu : pain, fruits à coque, et un fromage aux artisons que nous avons acheté au Flambeau. On a été bien surpris quand on s’est rendu compte que l’artisou, c’est un fromage dont la croûte est recouverte d’acariens ! Ça grouillait de partout et nous a valu un beau fou rire. Mais c’est vraiment délicieux !
On repart en pleine chaleur, c’est fatiguant ! Le chemin du GR70 reste bien roulant jusqu’à un viaduc. Il est possible de remplir sa gourde dans un cours d’eau si vous avez de quoi la filtrer. Ensuite commence une montée toujours bien exposée au soleil sur environ 1,5km. On commence à rêver d’une bonne boisson fraîche, mais on est encore loin de Pradelles, au moins 2h de marche. Heureusement, les paysages sont chouettes !
On aperçoit au loin l’immense lac de Naussac, qui est juste à côté de Langogne où nous dormons ce soir. Avant d’y arriver, nous traversons Pradelles, une jolie cité médiévale sur les hauteurs et décidons de nous rafraichir un peu en terrasse. Deux thés glacés et une grosse coupe de glace plus tard, on reprend notre chemin pour les 6 derniers kilomètres de la journée.
Le chemin descend doucement en serpentant, et on commence à être bien fatigués. On emprunte cette longue route de terre, bien large et roulante et on croise de nombreuses vaches et ânes sympathiques.
Nous faisons quelques courses au Carrefour Contact (bien achalandé !) de Langogne en anticipation de demain : nous serons dimanche et les commerces seront fermés. Puis nous arrivons au Modest’Inn, notre chambre et table d’hôte pour la nuit. Magalie nous présente sa charmante maison et notre chambre pour la nuit. Une fois douchés et installés, nous descendons dans le salon pour boire une bière, où une famille de randonneur.ses est présente et bien joviale !
On se met à table avec cette famille, Magalie et Bruno, son conjoint. On rit beaucoup, on mange bien, on boit du vin, c’est un moment très convivial, intime et chaleureux. Sans nous en rendre compte, il est déjà plus de 21h30 et nous sommes encore autour de la table. Il est grand temps d’aller dormir dans notre lit confortable !
Jour 4 – Chemin de Stevenson – De Langogne à l’étang de l’Auradou
22,4km // 700 D+ // 430 D-
Petit déjeuner avec beaucoup de choix proposé au Modest’Inn. Magalie et Bruno sont très attentionnés, on sent qu’ils aiment accueillir ! Nous partons un peu avant 9h sur notre petit nuage, un dernier au revoir à nos hôtes et à leur chienne. La sortie de la ville se fait par une longue montée de 4km mais avec peu d’inclinaison. Puis nous arrivons dans une forêt de pins, c’est agréable sous le pied et ça sent super bon.
Nous traversons un petit pont puis attaquons une côte sur route assez raide. Une fois en haut, un abreuvoir nous attend pour remplir les gourdes et tremper nos casquettes. Une fois de plus, la chaleur et le soleil sont au rendez-vous. Nous arrivons ensuite à Saint-Flour-sur-Mercoire et son café-théâtre associatif. Nous nous arrêtons un moment discuter avec les locataires mais malheureusement ils doivent rendent les clefs demain par manque de fonds…Quel dommage !
Puis c’est reparti pour une nouvelle côte sur le GR70, 100 m D+ sur 1km, pas d’ombre et beaucoup de chaleur. Mais une fois en haut, nous entrons dans une belle forêt et on décide de nous poser sur un gros rocher pour manger, il y fait assez frais. En repartant, on se rend compte que 200 m plus loin, il y avait une aire de pique-nique (rires) ! Depuis ce matin, Pierre a une belle cloque au petit orteil bien douloureuse, ses chaussures ont très certainement déjà trop fait de kilomètres… Nous arrivons ensuite dans une autre forêt, cette fois les arbres sont encore nus. Nous sommes le 14 avril et visiblement, le printemps n’est toujours pas arrivé dans le coin !
Après 18km de marche, nous arrivons à Cheylard l’Evêque, petit village calme et pittoresque. On s’offre une petite pause au bord d’une fontaine et à l’ombre et grignotons un bout. Nous continuons le chemin de Stevenson, accompagnés par le bruit des coups de fusil des chasseurs au loin (toujours un plaisir). Enfin, nous entamons notre dernière montée qui offre de magnifiques points de vue dignes du Canada. Une fois de plus, nous sommes fatigués par cette longue journée de marche et les derniers kilomètres sont difficiles.
Nous arrivons finalement à l’étang de l’Auradou où nous avions prévu de dormir au calme. C’était sans compter sur deux familles qui y pique-niquaient et dont les enfants s’amusaient bien dehors mais étaient franchement (très) bruyants ! Au point que des pêcheurs ont quitté les lieux. On dîne tôt et on attend 19h pour planter la tente. On se couche une fois que tout le monde est parti, vers 19h30, avec les oiseaux comme fond sonore.
Jour 5 – Chemin de Stevenson – De l’étang de l’Auradou à Chasseradès
18,3 km // 510 D+ // 550 D-
Départ à 9h après un petit déjeuner dans la tente. La nuit a été fraîche et humide, on a super bien dormi. Nous commençons par un passage en forêt relativement plat puis nous descendons jusqu’au château de Luc, où nous trouvons (enfin) de quoi jeter nos déchets car il n’y avait pas de poubelle à l’étang de l’Auradou. Nous remplissons nos gourdes au cimetière de Luc. La montée en forêt jusqu’à l’abbaye Notre Dame des Neiges ne nous laisse pas un souvenir incroyable par contre l’abbaye est sympa !
Nous redescendons sur Bastide, faisons nos courses à l’épicerie du village et on s’installe en terrasse pour le déjeuner. Nous discutons avec Victoire et Marie-Marguerite qui cassent également la croûte et on décide de faire un bout du chemin de Stevenson ensemble. Ça monte bien après la pause déjeuner : 300 D+ sur 4km mais puisqu’on papote, ça passe franchement vite !
En haut nous arrivons sur un parc à éoliennes, on se rend compte de la taille qu’elles font et on se sent minuscules ! Les discussions vont bon train, une fois de plus la magie des rencontres éphémères opère. Elles sont parties hier pour 5 jours de marche, la tente et les duvets sur le dos. Une fois le parc à éolienne passé, il ne nous reste qu’une belle descente et les paysages du GR70 sont beaucoup plus sauvages d’un coup !
On arrive finalement à l’hôtel-restaurant « Hôtel des Sources » où nous passerons la nuit. Eric nous reçoit, il travaille dans cet hôtel depuis 38 ans, rien que ça ! Nous avons une chambre avec salle de bains, top confort. On profite de la belle terrasse pour boire une bière avec Victoire et Marguerite, puis elles continuent leur route pour trouver un endroit où bivouaquer. Le repas est délicieux (entrée-plat-fromage-dessert) et en belle quantité. Nous sortons de table le ventre bien rempli de ce repas maison cuisiné par Eric. Mention spéciale pour la soupe aux champignons !
Jour 6 – Chemin de Stevenson – De Chasseradès à la cabane du Mont Lozère
30 km // 1360 D+ // 1050 D-
On apprend au réveil par SMS que Victoire et Marguerite ont marché 18km de plus hier soir, elles étaient sacrément motivées ! Pendant le petit-déjeuner nous entendons des rumeurs sur des chutes de neige dans la journée. Difficile d’y croire quand on pense aux belles chaleurs qu’on a eues dernièrement ! Ceci dit, il pleut dehors donc les beaux jours sont terminés.
A la sortie de Chasseradès, nous arrivons dans une forêt qui grimpe fort avec 300 D+ sur 4km et des portions bien inclinées. Nous croisons de nombreux.ses randonneur.ses vu.es ce matin à l’hôtel. Il fait froid, on aperçoit de la neige au sol… et peu de temps après, des flocons tombent du ciel ! Nous arrivons au niveau d’une mère et ses 2 fils (8 et 5 ans) qui font un bout du chemin de Stevenson. Ces enfants sont particulièrement curieux et sociables, on discute beaucoup avec eux pendant qu’on descend. La côte qui suit passe vite avec ces deux garçons bien sympathiques !
Arrivés en haut, on prend notre pause déjeuner sur quelques troncs d’arbres coupés. Nous sommes en plein vent et il fait très froid alors on ne traîne pas ! Ça descend bien dans la forêt, on croise des prés et des cours d’eau, c’est bucolique comme tout. Nous sommes assez vite au Bleymard, un village au pied du Mont Lozère. On y fait une pause courses puis cola et menthe à l’eau dans un restaurant avant de commencer l’ascension de ce fameux mont Lozère dont on nous a tant parlé sur le G70.
La sortie du village est agréable et les paysages à perte de vue sont superbes une fois qu’on a grimpé un peu. Ça monte comme ça sur 4km, 350 D+ jusqu’à la station de ski du mont Lozère à laquelle nous arrivons vers 16h. Il y a énormément de vent là haut et l’air est glacial. On cherche un coin pour poser la tente mais on ne trouve qu’une chapelle face à la route : pas l’endroit idéal.
Après quelques recherches sur nos téléphones, nous décidons de repartir : il y a la cabane du Mont Lozère à environ 6km de là, ce qui implique de passer le sommet de Finiels alors qu’on vient déjà de marcher 22km avec 830m D+. Mais on repart motivés comme jamais pour passer la nuit protégés des éléments. En plus, le soleil est avec nous et le vent nous pousse dans le dos.
Après quelques centaines de mètres, les paysages changent radicalement sur le chemin de Stevenson : nous voilà entourés d’un mix de Bretagne et de Mongolie, avec des montagnes en toile de fond. Enorme claque, c’est à couper le souffle. Bon, on a vraiment super froid alors on ne s’attarde pas trop. Nous arrivons au sommet de Finiels à 1699m d’altitude, les visages sont fouettés par ce vent beaucoup trop froid mais la vue en haut mérite bien l’effort et les conditions météo !
Il est interdit d’installer son bivouac au col de Finiels et aux alentours.
A la descente, on doit marcher dans des coulées de neige, mais il ne nous reste plus qu’un kilomètre. C’est long, on est fatigués, on a marché près de 30km pour 1300m de dénivelé positif aujourd’hui ! Mais on s’accroche, la cabane du Mont Lozère (non gardée) nous attend un peu plus bas. Elle est au bord du chemin, difficile de la manquer !
Quatre murs et un toit, une petite cheminée, une porte et une fenêtre (cassée). On récolte des pommes de pins et des branches pour faire un feu histoire de nous réchauffer un coup. À l’intérieur se trouve un balai, pratique pour nettoyer un peu le sol avant d’y installer notre campement et une table bancale. Le feu allumé, nous nous calons juste à côté pour notre dîner au chaud.
Nous installons la tente dans la cabane pour nous isoler davantage du froid glacial et nous nous endormons vite. Vers 4h30, petit réveil pipi, on sort dehors et on réalise que le sol est tapissé de neige. Nous sommes bien contents d’être à l’abri cette nuit !
Jour 7 – Chemin de Stevenson – De la cabane du Mont Lozère à la cabane Bonnal (Signal du Bougès)
21,6 km // 790 D+ // 1080 D-
La nuit a été glaciale, nos duvets 0° confort ont été limites pour les conditions météos. La cabane étant très mal isolée, le feu s’est éteint très vite la veille au soir et n’a donc pas particulièrement réchauffé la pièce. Lorsqu’on sort nos nez dehors, le paysage est tout immaculé de blanc.
Les flocons tombent toujours quand on commence à marcher. Nous descendons environ 600m de dénivelé négatif sur près de 9km. Au hameau de Finiels il n’y a pas grand chose à part des toilettes publiques, nous continuons donc notre route sous cette neige qui s’est transformée en pluie. Cette fois, les paysages du chemin de Stevenson nous rappellent la Nouvelle-Zélande ou l’Irlande : de grandes parcelles vertes de terrain vallonné avec d’énormes rochers dispersés partout.
Nous arrivons enfin à Pont-de-Montvert après 2h de marche. Ce village – bien enclavé – est très animé, malgré le froid ! Le seul restaurant ouvert est complet, tant pis pour nous, on mangera dehors dans le froid. Heureusement, il y a un food truck, qui nous permet de manger chaud (et plein de friture !). On se cale sur un banc et là, on a droit à un déjeuner spectacle : le centre de loisirs du village fait un show de cirque en plein milieu de la rue ! Les enfants, les animatrices et même un chien nous épatent de leurs talents de circassiens.
On repart par une montée assez marquée sur un petit chemin sinueux. En nous éloignant, la vue se dégage de plus en plus sur Pont-de-Montvert, on se régale. Le soleil commence à pointer son nez et nous voilà assez vite dans un paysage de maquis Corse qui nous rappelle le GR20. La diversité de paysages de ces deux derniers jours sur le chemin de Stevenson est dingue !
Après un temps sur le plateau, on redescend un petit peu pour entamer la dernière montée de la journée. On pensait que ce serait une pente douce, mais en réalité on se retrouve à grimper 400m D+ sur 4 km, c’est assez costaud. Nous sommes en pleine forêt et le fond sonore est le grincement des immenses arbres qui nous entourent, c’est assez impressionnant.
Une fois en haut, nous tombons sur plusieurs cairns, plein d’arbres mais zéro point de vue ! On est un peu dégoutés d’avoir grimpé tout ça pour ne pas avoir la récompense des paysages en haut. Nous continuons le long du chemin, et là – oh bonheur – tout se dégage : nous arrivons au signal du Bougès et la vue est à couper le souffle. Le ciel est partiellement dégagé, on voit des montagnes au loin à perte de vue. Finalement, la montée valait la peine !
Nous entamons la descente, plus que quelques petits kilomètres jusqu’à la cabane Bonnal, où nous avons prévu de dormir ce soir. A gauche, la vue imprenable sur les montagnes, à droite une forêt aux ambiances de forêt enchantée avec des arbres qui nous font penser à des araignées géantes.
Nous arrivons à la cabane Bonnal (non gardée) après 2km de descente. Elle est toute en bois, propre et chaleureuse. Il ne manque qu’un poêle à bois pour que ce soit parfait !
Cette cabane a été rénovée en 2016 par « Les amis de la cabane Bonnal« . La vue est franchement incroyable en plus !
On installe cette fois encore notre tente à l’intérieur, il fait déjà si froid ! On mange sur la table en bois, c’est bien agréable. Puis on va vite se mettre dans nos duvets. La nuit est glaciale, la cabane n’est pas suffisament isolée et l’air passe par le parquet et les murs. On porte toutes les couches de vêtements possibles pour essayer de ne pas avoir trop froid, ça le fera pour la nuit !
Jour 8 – Chemin de Stevenson – De la cabane Bonnal (Signal de Bougès) à Bédouès
14,1 km // 70 D+ // 700 D-
Difficile de sortir de nos duvets ce matin, on tarde à nous lever. Il a encore neigé cette nuit et il neige encore ce matin, on retourne donc se coucher un moment pour attendre que la température grimpe un peu, ils annoncent une éclaircie un peu plus tard dans la matinée. Pierre a toujours son ampoule et sa douleur à la cheville, on croise les doigts pour que ça tienne tout le reste du chemin de Stevenson. Aujourd’hui, c’est une petite journée uniquement en descente, ça va nous permettre de nous reposer un peu.
Nous décollons finalement vers 10h lorsque le ciel est dégagé et on profite une fois de plus des paysages incroyables qui nous entourent. Assez vite on entre dans la forêt par une route en terre, la pente est assez douce et on avance bien malgré le froid. On croise un petit abri pour une seule personne, avec un coin cheminée environ 7/8km après notre départ, qui peut servir en cas d’orage. On voit aussi de nombreux cours d’eau et piscines naturelles, ça doit être agréable de s’y baigner en été. Mais pas pour nous, comme on est bien congelés !
À la sortie de la forêt se trouve le Tarn. Quelle belle rivière ! Les mouvements de l’eau sont impressionnants, elle est puissante, sauvage et hypnotisante. Il fait tellement froid qu’on commence à rêver d’un chocolat chaud. Lorsqu’on entre dans le village, après 13km de marche, une grosse averse de neige nous tombe dessus. Enfin, un mix entre neige et grêle !
On arrive assez vite à un bar restaurant où on pensait s’arrêter boire une boisson chaude, mais à notre surprise il est fermé. Visiblement il n’ouvre que pour la saison, et le 18 avril est encore un peu tôt ! Du coup, on va se mettre au chaud à la chambre d’hôte où nous devons passer la nuit. Nous voilà à » La Petite Auberge « , où nous dormirons dans une chambre avec lit double et salle de bains privée, oh joie. La douche, après ces 2 nuits glaciales en tente, est un pur bonheur !
Nous passons le repas avec 6 autres personnes, dont 2 randonneuses : Marine et Flora. On discute principalement avec elles autour d’un délicieux repas concocté par Virginie, notre hôtesse. Elle vient de reprendre la chambre d’hôte, elle l’a ouverte il y a quelques jours et est attentionnée avec ses invité.es. On passe une superbe soirée pleine de rires et de bonne humeur ! Nous nous couchons comme d’habitude bien tôt dans un grand lit très confortable.
Jour 9 – Chemin de Stevenson – De Bédouès à Cassagnas
21,2km // 470 D+ // 340 D-
La nuit a été particulièrement calme et reposante, on a dormi 10h dans un lit douillet, quelle joie ! Au petit déjeuner : gâteaux maison, pain, beurre, fromage, on se régale. Ce matin, c’est le grand retour du soleil. On démarre tranquillement car l’ampoule de Pierre est toujours douloureuse et j’ai mal aux tendons d’Achille. La sortie de Bédouès n’est pas incroyable, mais on arrive après 4km à Florac.
On y fait des courses et on passe à Tuff’s Aventure, magasin de matériel de randonnée, pour que j’achète des sandales de randonnée (les chaussures me font trop mal aux pieds). Aymeline, la gérante du magasin, est aux petits soins et prend le temps de m’aider à trouver les bonnes sandales qui finiront le chemin de Stevenson à mes pieds.
On reprend la route qui longe la départementale, pas très agréable. Puis on bifurque sur la gauche pour nous retrouver enfin en forêt. À la pause pique-nique, on troque nos pantalons contre nos shorts, la chaleur est de nouveau là ! Les arbres commencent à avoir des feuilles, changement de saison et de décor en peu de temps. À Saint Julien d’Arpaon, on change de rive. On arrive assez vite sur un ancien chemin de fer transformé en voie verte qui longe la rivière.
Sur les traces des anciens trains, on traverse une série de tunnels humides et frais, ce qui fait du bien car le chemin n’est pas du tout ombragé et ça tape fort ! On sort les jumelles pour observer les buses au dessus de nous. Le trajet est plutôt plat et un peu monotone. On croise à nouveau Marine et Flora qui font une pause, petit papotage qui fait plaisir. Un peu plus haut, des panneaux indiquent la présence de serpents. Nous faisons donc en sorte de taper des pieds en avançant pour nous éviter d’en recroiser une fois de plus.
Nous arrivons enfin à Cassagnas et son ancienne gare pour une nuit en camping. Flora et Marine arrivent ensuite avec 4 randonneurs de Boulogne-sur-Mer. On boit un verre ensemble, discussions une nouvelle fois intenses, personnelles. Nous apprécions vraiment ces rencontres brèves et profondes chaque fois qu’on voyage en itinérance. Puis vient l’inévitable partie de pétanque, cette fin de journée est top !
Nous mangeons dans la salle hors sac du camping et nous couchons assez tôt. Il ne nous reste déjà plus que 3 jours de randonnée sur ce chemin de Stevenson, petite nostalgie : le temps passe si vite…
Jour 10 – Chemin de Stevenson – De Cassagnas à St-Etienne-Vallée-Française
28,1 km // 760 D+ // 1080 D-
Après un bon petit déjeuner, on plie le campement et on démarre la journée de marche. Ca monte en lacets dans la forêt : finalement il y avait plein de zones de bivouac possibles. Nous prenons notre temps sur cette côte et profitons de l’air frais du matin. Assez vite, on entend rire derrière nous, et on reconnaît tout de suite celui de Flora, qui est assez remarquable !
Avec Marine, elles avancent avec les 4 Boulonnais et arrivent vite à notre niveau. On prend leur rythme et on continue de marcher sur le chemin de Stevenson avec elles et eux. On parle, on rit, on marche à un rythme assez soutenu : ce n’est pas aujourd’hui qu’on croisera de la faune sauvage, mais ce n’est pas grave car on passe un super moment. En haut de la montée se trouve un superbe point de vue avec un menhir !
Nous repartons et décidons de faire un petit détour de 300m pour aller voir le site gallo-romain de Saint-Clément. Ca descend bien mais une fois arrivés là-bas, nous profitons de ce lieu pour nous poser un peu et surtout manger un bon bout. On y reste une bonne heure à refaire le monde.
Nous reprenons la route avec Pierre avant le groupe car il nous reste encore pas mal de kilomètres à avaler aujourd’hui. L’après-midi est un peu monotone, nous continuons à descendre dans la forêt, les arbres sont pourpres et l’écorce épaisse et lisse, c’est vraiment très joli. Nous traversons quelques hameaux et villages où nous croisons une famille de 6 randonneuses avec lesquelles on se suit depuis quelques jours. Le temps d’une petite discussion et on repart de St-Germain de Calberte.
Nous continuons d’avancer sur un chemin en forêt et 6 km plus loin, nous arrivons sur la départementale. Nous restons sur du bitume jusqu’à arriver à St-Etienne-Vallée-Française, ce n’est ni joli, ni agréable. Surtout qu’il n’y a pas vraiment d’espace pour les marcheur.ses ! En haute saison, on se dit que ça peut être dangereux avec les voitures.
On fait un petit passage à l’épicerie pour le dîner de ce soir, et on monte jusqu’au gîte de l’Elzet. Il faut monter 120m D+ sur 1,5km, mais le détour vaut largement le coup ! Nous sommes accueillis par Mathieu. Jean et Lisa, les propriétaires, ne sont malheureusement pas présents. La soirée se passe avec Mathieu, sa famille en visite, Alain (un autre habitant du lieu), les poules, les chats, le chien, l’âne et le poney. Un lieu hors du temps où accueil, bienveillance, ouverture d’esprit, sérénité et convivialité nous enveloppent pendant ces quelques heures à leurs côtés.
Jour 11 – Chemin de Stevenson – De St-Etienne-Vallée-Française à Mialet
22,2km // 890 D+ // 1050 D-
Nous prenons le petit déjeuner dans ce havre de paix, sur la terrasse, tous ensemble. On repart riches de ces rencontres et de ce lieu magique. Après avoir quitté la départementale, on monte par un sentier de pierres dans la forêt. On croise une personne avec son chien vus dans l’hôtel restaurant de Chasseradès. Nous discutons tous les 3 pendant que ça monte, environ 350m D+ sur 4km. Mais c’est assez fluide, et nous arrivons assez vite en haut.
Le soleil est au rendez-vous, la chaleur douce aussi. Sur les hauteurs, nous avons un petit passage sur une départementale pas très agréable. Une fois arrivés au point culminant, nous nous arrêtons Pierre et moi pour manger un bout. Nous avons une vue imprenable sur les montagnes, alors on en profite pour trainer un peu. Pris dans nos conversations, nous manquons une bifurcation du le chemin de Stevenson. Au lieu de tourner à gauche sur le sentier, nous continuons de descendre sur un gros chemin. C’est un kilomètre plus loin que nous nous en apercevons !
Il faut maintenant tout remonter jusqu’au chemin où nous devons tourner. En effet, nous ne sommes probablement pas les seuls à qui c’est arrivé, puisqu’on remarque qu’au sol une ligne a été fabriquée avec des branches pour que les randonneur.ses lèvent leurs yeux et voient le passage à gauche. Soyez attentifs à ce passage donc !
La forêt est belle, avec ses couleurs de printemps, ses fleurs et sa végétation dense. On se croirait dans Jurassic Park avec les fougères et les arbres !
On arrive à Saint-Jean-du-Gard par un sentier plein de cailloux, instable et raide. On décide de faire un petit tour dans la ville, voir à quoi elle ressemble. Nous croisons la famille de 6 femmes qui mange et attend de prendre le bus pour rentrer. On discute, à la fois heureux et déjà nostalgiques de cette dernière interaction avec elles. Puis au loin, Marine, Flora et les 4 Boulonnais se dirigent vers nous ! Ils arrêtent également leur voyage ici, alors on se dit au revoir avec cet espoir de se recroiser un jour.
On boit un petit verre en terrasse avant de repartir : on a encore 5km à parcourir pour arriver à notre chambre d’hôte. Et à la sortie de la ville, on tombe sur la femme et son chien avec lesquels on a un peu marché aujourd’hui. Nous sommes reconnaissants de cette rencontre éphémère. On suit la route pour rejoindre Mialet et le gîte « le Cambon ». Et comme la vie est bien faite, on rattrape 3 randonneuses que nous voyons quasi quotidiennement depuis Chasseradès. Cette avant-dernière journée nous permet de dire au revoir à la plupart de nos copains et copines de randonnée !
Nous sortons du GR70 à environ 3km de Saint-Jean-du-Gard pour rejoindre le Gîte Le Cambon. Ça descend, c’est agréable. On longe le cours d’eau et on tombe sur la chambre d’hôte au bout du chemin. On apprend qu’il y a un petit sentier de 300m qui relie directement le gîte au chemin de Stevenson, alors qu’on a fait un détour de 2km. Mais c’est de notre faute puisque Lisou, la propriétaire de la chambre d’hôte, nous avait envoyé un document avec toutes les infos et nous ne l’avons pas lu attentivement, oups !
Lisou nous fait faire le tour de sa propriété. L’habitation est incroyable, il y a des lamas, des moutons, un chien, des mares. Ils font pousser le plus de légumes et fruits possible. Une cuisine d’été est à disposition pour les personnes qui le souhaitent. Le lieu est vraiment superbe ! Nous mangeons avec deux autres randonneurs, un couple de Saint-Chamond. Le repas cuisiné par le compagnon de Lisou est vraiment délicieux, fait avec les légumes et les framboises de leurs potagers. L’ambiance est agréable, on rit beaucoup et on profite de l’espace de vie chaleureux.
Jour 12 – Chemin de Stevenson – De Mialet à Alès
20,7km // 960 D+ // 1040 D-
Cette dernière journée sur le chemin de Stevenson est encore une (sacrée) grosse journée ! Nous prenons le petit déjeuner et quittons cet incroyable endroit. Cette fois-ci nous empruntons le bon chemin et en effet, 300m plus loin, nous sommes sur le GR70. Dans le village de Mialet, on ne trouve pas d’épicerie ouverte. Tant pis on finira les fonds de sacs à dos pour le déjeuner !
En tout cas, une fois sortis de Mialet, ça grimpe bien : 450 D+ sur 5km environ ! Petit chemin avec de gros cailloux, on avance doucement mais sûrement. Mais en haut, la vue est vraiment chouette : des montagnes à perte de vue et un sentier bordé par des centaines de fleurs aux couleurs éclatantes, ça sent bon et c’est super beau ! Le vent est glacial et franchement ça souffle fort, on se sent vraiment vivants dans ces conditions.
Le chemin emprunte quelques petites portions qui s’escaladent, c’est quand même un peu engagé, mieux vaut avoir une bonne condition physique. Le chemin sur le plateau est assez mal indiqué, il faut être vigilant pour ne pas s’en écarter. On fait une pause pour manger les barres de céréales qui nous restent puis vient la descente sur un large chemin, c’est assez agréable. Puis la descente devient bien raide, ça tire les cuisses ! Les derniers kilomètres sont longs, on est fatigués et on a faim ! On arrive dans une forêt au sol rouge, encore un paysage qui change !
Nous voilà enfin à Alès, un peu secoués par le bruit, l’agitation de la ville et ce vent à décorner les bœufs ! Nous sommes ravis d’avoir pu terminer cette aventure sur le chemin de Stevenson, malgré la neige, la chaleur et les douleurs. Quelle fierté !