Récit de notre Tour des Aiguilles Rouges en 3 jours par la crête de Villy, une variante technique et aérienne magnifique !
Préparer et organiser son tour des Aiguilles Rouges
Réglementation des Aiguilles Rouges
Le massif des Aiguilles Rouges est une réserve naturelle, il y a donc certains points à respecter :
- Ne pas cueillir de fleurs et rester sur le sentier pour protéger la flore
- Interdiction aux chiens pour la tranquillité de la faune
- Interdiction de faire du feu
- Chasse interdite et pêche réglementée
- La circulation des véhicules à moteur et le survol (parapente, hélicoptère et drone) est interdite sauf autorisation.
Est-ce que le bivouac est autorisé dans le massif des Aiguilles Rouges ?
Oui, le bivouac est autorisé entre 19h et 9h, à condition de ne laisser aucune trace de notre passage :
- on emporte ses déchets avec soi ;
- on ne fait pas de feu ;
- on évite de faire du bruit ;
La réglementation du bivouac en France
Combien de jours pour faire le Tour des Aiguilles Rouges ? Est-ce difficile ?
En règle générale le tour des Aiguille Rouges peut s’effectuer sur 3 ou 4 jours pour une moyenne de 10 à 15km par jour et un dénivelé positif d’environ 1000m par jour. C’est une randonnée de difficulté moyenne, sans être trop technique.
Cependant, nous avons opté pour une variante, au lieu de passer par le vallon de Diosaz, nous avons décidé de continuer vers le Col d’Anterne pour emprunter la Crête de Villy. Le parcours par les crêtes se termine par l’ascension du Mont Buet avant de redescendre direction le Col de Salenton.
Cet itinéraire du Tour des Aiguilles Rouges est nettement plus technique et exposé. Je recommande donc d’avoir de l’expérience en randonnée et d’avoir déjà réalisé des parcours de crêtes avant de s’engager dans celui-ci. Cela ajoute aussi 1000m de dénivelé positif au tour des Aiguilles Rouges ainsi qu’une bonne dizaine de km en plus !
Quand partir faire du bivouac dans les Aiguilles Rouges ?
De juin à septembre. Il faut cependant comme chaque sortie en montagne vérifier les conditions météorologiques avant de partir et je recommande de vérifier le niveau d’enneigement en juin. Il arrive parfois qu’il reste pas mal de neige à cette période.
Nus vous conseillons vraiment de prendre un duvet 0°C surtout si vous êtes frileux. Les nuits sont fraîches là-haut ! De plus, pensez à prendre beaucoup d’eau avec vous (pour les 20 premiers kms). À cause du dérèglement climatique, il est de plus en plus difficile de trouver des sources d’eau qui coulent durant le mois de juillet et août. Et à présent la plupart des refuges vous font payer l’eau pour se ravitailler.
Quel matériel pour faire le tour des Aiguilles Rouges ?
- Sac à dos trekking Deuter Futur Pro 40L
- T-shirt laine mérinos Forclaz x2
- Caleçon laine mérinos Forclaz x2
- Chaussures de randonnée Lowa Renegade
- Veste imperméable Rab Latok GTX
- Doudoune Patagonia Nanopuff pour les soirées fraîches en altitude
- T-shirt manche longue mérinos Forclaz MT500
- Tour de cou merinos Forclaz MT500
- Collant mérinos Forclaz MT500
- Réchaud Jetboil Stash
- Couteau suisse Victorinox
- Pierre à feu Forclaz MT500
- Pantalon de randonnée Millet All Outdoor
- Short de randonnée Quechua MH500
- Chaussettes de randonnée Icebeaker
- Tongs
- Lunettes de soleil
- Duvet 0° Forclaz MT900
- Drap en soie Forclaz MT500
- Matelas de randonnée Thermarest Neoair Xlite
- Tente trekking MSR Hubba Hubba
- Lampe frontale Petzl Swift RL
- Crème solaire
- Casquette Ciele
- Bâtons de marche Forclaz MT500
- Coussin trekking Forclaz MT500
- Poche à eau 2L Forclaz
- Gourde filtrante Katadyn Befree 1L
- Nourriture
Itinéraire de notre Tour des Aiguilles Rouges en 3 jours par la crête de Billy
Infos pratiques
- Durée : 3/4 jours
- Distance : 40 à 50 kms
- Dénivelé positif : 3000m D+
- Difficulté : modéré (sauf si vous choisissez l’option par la crête de Villy détaillée ci-dessous considérée comme technique et exposée).
- Où : Massif du Mont Blanc, France
- Se garer : il est possible de laisser sa voiture plusieurs jours au parking des Aiguilles Rouges au niveau du Col des Montets
- À ne pas manquer sur le Tour des Aiguilles Rouges :
- Lac Blanc et Lac des Chéserys
- La Flégère et Le Brévent
- Le Mont Buet (un sommet à plus de 3000m d’altitude)
Jour 1 de notre tour des Aiguilles Rouges en 3 jours
Du Col des Montets au Lac Blanc
Nous démarrons notre Tour des Aiguilles Rouges depuis le Col des Montets, en fin de matinée. Nous montons en direction des Lacs de Chéserys et du fameux Lac Blanc. Nous nous arrêtons pour pique-niquer au Lac de Chéserys, avec une belle vue sur le Mont Blanc. Au moment de repartir, le temps est plus couvert.
Pour monter au Lac Blanc, nous devons monter par des échelles mises en place sur les rochers. On se croirait presque dans un parc d’attraction, il faut faire la queue pour pouvoir se lancer à son tour dans les dernières marches qui mènent au lac. Le Lac Blanc a une jolie couleur turquoise, nous comprenons donc mieux l’affluence pour ce dernier mais nous avons préféré la tranquillité des lacs précédents.
Du lac Blanc au refuge de Bellachat
Nous poursuivons en direction de la Flégère via les balcons qui nous offrent une vue absolument incroyable sur le Mont Blanc et les glaciers en face de nous. La redescente jusqu’à Planpraz est assez longue et monotone. Puis on entame la dernière montée qui va nous mener jusqu’au refuge de Bellachat, où nous nous arrêterons pour bivouaquer.
Nous arrivons en fin de soirée, nous montons la tente et faisons chauffer l’eau pour le couscous végétal. Au moment de se coucher, 2 bouquetins se baladent a à peine 5m de notre emplacement. Une sacré belle première journée sur ce Tour des Aiguilles Rouges !
Jour 2 de notre tour des Aiguilles Rouges en 3 jours
Du Refuge de Bellachat au Col de Chaux
Réveil compliqué après une nuit mouvementée. Il y a eu énormément de vent, le bruit nous a empêchés de dormir une bonne partie de la nuit. Première étape de notre deuxième jour sur le Tour des Aiguilles Rouges, la montée jusqu’au Brévent. Nous avons la chance d’avoir un ciel dégagé aujourd’hui, cette partie-là nous l’avions déjà fait 2 ans auparavant (dans le sens de la descente), lors du Tour du Mont Blanc mais sous un épais brouillard et une pluie dantesque.
Le tour du Mont Blanc en 8 jours
Nous arrivons assez rapidement en haut, nous demandons où nous pouvons trouver de l’eau étant à court dans notre poche à eau, le gérant de la télécabine nous explique qu’il y aura certainement des ruisseaux un peu plus bas. Au moment de redescendre, nous faisons la connaissance d’un parisien venu également faire le Tour des Aiguilles Rouges. Nous repartons donc tous les 3 !
Ce sont plus de 1000m de dénivelé négatif nous attendent, que nos genoux n’apprécieront guère. Nous profitons d’une pause en bas pour reprendre des forces avant d’entamer la longue montée jusqu’au refuge de Moede Anterne. 400m à remonter, la pause dej’ aura été bien méritée !
Du refuge de Moede Anterne au col d’Anterne
Arrivée au refuge, on prend le temps de bien se poser et on réfléchit à la suite. 2 options s’offrent à nous : prendre le parcours classique par la vallée ou passer par les crêtes (Tête et Grenier de Villy). Nous nous sentons encore suffisamment en forme pour se lancer dans la crête mais on s’inquiète un peu de la météo. Ils annoncent potentiellement de la pluie en fin de journée et orages et pluie demain toute la journée. On discute avec les gens sur place, la plupart s’arrête ici mais nous décidons de notre côté de tenter la crête de Villy.
Nous disons au revoir au parisien et c’est reparti, un gros dénivelé positif nous attend cet après-midi. C’est ici que nous quittons le parcours « officiel » du Tour des Aiguilles Rouges pour nous diriger vers le Col d’Anterne qui nous mènera au début de la crête de Villy.
La crête de Villy
La montée vers le col est très raide, ça annonce la couleur. En haut, du col nous tournons à droite sur la crête, il n’y a pas de panneau indiquant un sentier dans cette direction mais on peut tout de même entrevoir un petit chemin.
La crête de Villy semble assez impressionnante vue d’en bas, mais elle est plutôt facile au début. Les choses commencent à se complexifier sur la fin avant l’abri de Villy. En effet, la crête est de plus en plus exposée, le chemin est de plus en plus difficile à apercevoir. On ne va pas se mentir, on aura eu 2/3 frayeurs dans certains passages.
Nuit dans l’abri de Villy sur le tour des Aiguilles rouges
Nous arrivons enfin au Col de Chaux, où se trouve l’abri de Villy (une cabane non gardée remise en état par des bénévoles de Sixt-Fer-à-Cheval). L’objectif initial était de poursuivre la crête par le Grenier de Villy et d’atteindre le Mont Buet. Mais nous sommes tombés sous le charme de l’endroit avec un petit lac à 200m de la cabane, un panorama à 360°C sur le Mont Blanc et la vallée de Sixt-Fer-à-Cheval. C’est décidé, nous nous arrêtons ici pour aujourd’hui !
Nous ne regretterons pas notre choix puisque la soirée qui suivra fait désormais partie de ma liste des plus beaux endroits où bivouaquer dans les Alpes Françaises. Nous avons assisté à un coucher de soleil magnifique, les bouquetins du coin n’étaient absolument pas effrayés par notre présence, bref une deuxième soirée magique sur ce Tour des Aiguilles Rouges.
Jour 3 de notre Tour des Aiguilles Rouges en 3 jours
Du Col de Chaux au Col des Montets
Le lendemain matin, nous sommes réveillés par l’orage qui gronde et la pluie massive qui tombe sur la cabane (le point positif, nous n’aurons pas à remballer la tente sous le déluge puisque nous avons passé la nuit à l’abri). Vers 7h30, nous sortons du lit, regardons par la fenêtre, l’orage a l’air d’être passé, à l’horizon un grand ciel bleu.
Ça nous rassure de ne pas avoir à finir la 2ème partie de la crête de Villy sous la pluie, car on ne sait pas vraiment à quoi s’attendre. Cela fait 10min que nous sommes partis, et on se trompe déjà de chemin… 30min il n’y a plus du tout de trace de chemin, on fait au feeling, on s’aide du tracé qu’on avait créé et importé sur notre téléphone, on aperçoit de temps à autre quelques cairns, mais concrètement on se perd beaucoup.
On pensait que cette deuxième moitié de crête serait plus facile et plus intuitive mais en fait c’est pire qu’hier. On passe des heures à progresser, et puis à mi-parcours, on trouve un balisage avec des points bleu. On le suit et même si ça reste très technique et très exposé au moins on sait que cette fois on va dans la bonne direction.
Fin de la crête de Villy, il nous reste un dernier effort à effectuer pour arriver au Mont Buet. C’est ultra raide et on a perdu beaucoup d’énergie avant mais on voit enfin le bout. En haut, on a l’impression qu’il fait 0 degré, à cause d’un vent glacial très violent. On ne s’attarde pas, on jette un dernier regard au panorama et on entame la descente vers le Col de Salenton. Nous récupérons le tracé officiel du Tour des Aiguilles Rouge au niveau de celui-ci après cette variante par la crête de Billy.
La descente jusqu’au Refuge de la Pierre a Berard est exigeante. Elle se fait tout du long dans la caillasse, un terrain qui sollicite énormément les chevilles. Une fois le refuge passé, le chemin est beaucoup moins accidenté. Le panneau indique environ 2h jusqu’au parking pour terminer cet incroyable Tour des Aiguilles Rouges.
Pour conclure, si vous êtes un randonneur expérimenté en terrain d’arêtes et de crêtes, je ne peux que vous recommander de vous lancer dans cette variante du tour des Aiguilles rouges, elle est vraiment belle, technique et la vue est à couper le souffle tout du long ! A l’inverse, je mets en garde les personnes ayant peu d’expérience sur ce genre de terrain, car un mauvais pas et la fin pourrait être tragique : la chute est proscrite !